Notes sur BUP par NB

NOTES SUR BUP
Le tournage comme performance. C’est là que je veux construire mon entreprise d’imitation du cinéma. Le tournage est le lieu de la superposition simultanée des intentions, c’est là que ça se passe, où chacun se surpasse. Au début, mes films n’étaient que des tournages. Dans BUP, le off du tournage n’est plus présent à l’image, mais le tournage reste performance, force explosive, là où le film s’élabore. Travailler vite, travailler avec les contraintes économiques, le tournage comme une bousculade totale. J’ai besoin de bousculer les autres et de me bousculer moi-même pour valider mon écriture. Elle évolue à travers mon expérience, mais elle reste brute.
Je m’attaque au cinéma, parce que c’est trop grand. C’est gigantesque. Le cinéma, c’est ce que je n’arriverai jamais à épuiser. Ma cinéphilie est défectueuse, amnésique : comme si la maîtrise de la connaissance était vaine devant la quantité de possibles du cinéma. Cette maîtrise mériterait patience et sagesse, et je fonce tête baissée dedans, boulimique… avant d’en être rejeté, écoeuré, et de revenir à la charge avec les crocs… Mais à force d’attaques obsessionnelles, un nœud se construit avec des règles qui lui sont propres. Mon action est de donner forme à ce que je connais, une digestion du cinéma que j’affectionne.
Je me suis lancé dans la réalisation de la série BUP pour rivaliser avec la machine CINEMA contemporaine. J’ai envisagé une expérience empirique, pas une série où le tout fait une histoire, où les épisodes s’additionnent et aboutit à un épisode somme. Casser le processus série télé par le jeu des différences. A chaque épisode,les acteurs changent de rôle, de décor avec un genre radicalement différent : western, horreur, cinéma des années 70, film français, fantastique, série B/Z, comédie musicale… J’exploite les cassures et par le genre, je réinjecte du cinéma dans mon cinéma. Le genre est une injection.
Paradoxalement, on retrouve dans chacun de mes films un scénario similaire : une foule de figurants, deux leaders, un dénouement apocalyptique/explosif, l’exploitation de l’homme, un rapport ville/campagne… Comme si c’était toujours le remake d’un film idéal et imaginaire.
Réaliser différemment chaque film avec les mêmes obsessions produit un flux contradictoire, complexe, excitant…
Avec BUP, j’assume la forme de la série et je cherche à la préciser. Chaque fois, j’envisage le nouvel épisode comme le dernier : il épuise tout, il est définitif.
BUP c’est le désir de faire des images qui réalisent nos désirs… un désir qui se cherche et trouve des réponses toujours plus désastreuses…
BUP, C’EST L’INÉPUISABLE QUI ÉPUISE TOUT
N.B