Synopsis
Dans un espace indéterminé, face à des images de paysages vierges de toutes traces humaines, plages exotiques, montagnes ou déserts, forêt, littéraux et volcans, des X1 se déplacent. L’un d’eux, qu’on identifie vite comme une sorte de modérateur, entre et sort avec les autres. Il lance des sujets de conversation, les interrompt, les relance. Tous improvisent.
ETAGE 39 découle directement du dispositif du tournage.
Rien n’a été écrit au préalable, sauf un synopsis donné aux participants : un algorithme intelligent mène une expérience sur un groupe d’humains. Devant des paysages qui défilent, dans un ballet orchestré par l’algorithme, les personnages errent, se rencontrent, théorisent et fabulent. Cernés par le vide, ils utilisent le langage et l’imagination pour rester en vie.
Avant leur passage sur le plateau, les X visionnent les images de paysages dans une salle d’attente. Ces images-décors filmés par des drones, archivent, cartographient la surface de la terre. Elles seront ensuite intégrées au film et remplaceront le fond vert du studio.
Des plans séquences de plusieurs dizaines de minutes sont tournés dans le studio. Pour chaque prise, l’équipe définit un plan de tournage : les déplacements des caméras (travelling panoramiques) et les cardages (plongées et gros plans). Pendant le tournage, le réalisateur est absent ou plutôt, il est hors-champ et accompagne, souffle, insuffle à un X, à un groupe, une phrase, un sujet, un thème. Il laisse le dispositif agir sur les acteurs.
J’aime ne rien dire, laisser faire, et puis très vite, il est trop tard pour intervenir. J’organise de loin, je ne sais pas où ça va, ou peu. Ce qui m’intéresse, c’est l’imprévisibilité des situations, la performance du tournage, la forme qu’il prend. Ici, je teste un espace neutre, je fais l’expérience du vide. J’isole le tournage des conditions extérieures, pour permettre une improvisation délicate, basée sur le comportement et la parole des X, susceptibles de se parasiter eux-mêmes.
Les comportements des X se révéleront divers ; ceux qui écoutent ou n’écoutent pas, ceux qui développent, cherchent, analysent, ceux qui fuient, refusent le monde des autres, délirent, ceux qui s’affrontent. Certains établissent un lien de l’ordre de la croyance, ou du nihilisme, d’autres raisonnent, enquêtent…
Les X évoquent leurs pertes de repères temporelles et géographiques, ils ne savent pas quand et où ils se trouvent. La variété des paysages n’est qu’illusion et empêche tout repère, personne ne s’y déplace vraiment. Les rencontres sont simultanées ou dans un temps parallèle, mais elles sont dans un même espace.
1 J’appelle ici les X les 10 personnages modèles au sens bressonien. ils ont été choisis pour leur grande éloquence ou leur imaginaire singulier.